Mercato, virages, journalistes… L’OM face à ses démons

L’ambiance s’est tendue à la Commanderie, cette reprise d’entraînement. Il semble qu’on assiste à un concours de mauvaise foi entre, d’un côté, des dirigeants qui boudent, et de l’autre, des journalistes et des supporters qui ragent. Et le mercato n’avance pas et ne va pas permettre à André Villas-Boas de disposer de tout son effectif pour la préparation. Petit point sur la situation.

Frank McCourt propriétaire de l'OM

Saison 2018-2019, l’OM a manqué le coche et payé le prix d’une politique de recrutement et d’un coaching défaillants. Le retour du bâton est violent, puisque le fair-play financier a sévèrement réprimandé le club et imposé de grosses restrictions sur les dépenses. Il est bien sûr très facile de critiquer aujourd’hui (pour nous aussi) et l’on n’oublie pas qu’avant de tourner leur veste, certains des braillards parmi les plus virulents, tels Daniel Riolo ou Christophe Dugarry, avaient par exemple validé l’arrivée de Kevin Strootman.

Eyraud se tire une balle dans le pied

S’il faut donner raison aux critiqueurs sur une chose, c’est bien que Jacques-Henri Eyraud paraît à côté de la plaque, depuis le début de l’année. Très présent dans les médias au moment de promettre des stars, en début de projet, ou quand les résultats étaient conformes aux objectifs, JHE a disparu des radars en même temps que les joueurs de Rudi Garcia, fin 2018. Il ne défend plus son plan et fuit (clairement) ses responsabilités.

Par son silence, le président a peut-être à coeur de démontrer que l’institution n’est pas vulnérable et se moque des commentaires. Il n’en reste pas moins évident que son mutisme donne des cartouches à ses détracteurs. Il laisse libre champ aux malveillants qui cherchent à l’enfoncer et attiser la colère du public. Cela ressemble à une erreur de communication : Eyraud ne s’en sortira pas en se mettant tout le monde à dos.

Comme le soulignait Bernard Tapie, la question des compétences du président de l’OM peut aussi se poser, alors qu’il n’est pas certain qu’il ait vu venir les difficultés. Non, un club de foot ne se gère pas comme une entreprise lambda.

Certains leaders de groupe n’attendaient que ça

Une poignée de chefs de groupe, en particulier dans le virage sud, utilise le moindre pet de mouche pour transmettre son message de haine contre les dirigeants. Il y a quelques années, Ultras et Winners se moquaient royalement que la formation olympienne joue en doré, violet ou orange. Ils se foutaient aussi que Robert Louis-Dreyfus choisisse des sociétés « amies » comme sponsor principal, sans qu’aucun effort ne soit fait sur ses couleurs. Et le fait qu’Adidas sous-paye le club, comparé à ce qui se faisait ailleurs, leur passait au-dessus de la tête.

Or depuis l’arrivée de Frank McCourt, les deux groupes de supporters multiplient les revendications. Certains affirment même que le bilan est pire qu’avec les Louis-Dreyfus. Une 5e place, avec Frank McCourt, équivaudrait à une 15e position avec RLD.

S’ils ont mal été utilisés, les 250 millions investis par l’Américain sont réels. La leçon de morale sur le foot business et l’usage de l’argent par les dirigeants des assos devient vraiment difficile à admettre. D’autant plus quand elle émane de certains capos qui lancent des grèves dans des matchs à enjeu et n’ont cure des conséquences liées aux débordements ou au craquage des fumigènes (combien de huis clos la saison passée, en C3, notamment ?).

Et n’oublions pas que le message « L’OM, c’est nous » peut avoir plus d’une signification.

Des journalistes qui exacerbent les tensions

On a compris depuis longtemps qu’une crise olympienne faisait vendre davantage de papier et que L’Équipe en rajoutait systématiquement sur les polémiques. Au point que la saison de l’OM fait office de catastrophe, quand Monaco, qui investit quand même des sommes considérables dans ses recrues (l’ASM a fait 261 millions d’euros d’achat sur les mercatos estivaux 2017 et 2018) et bénéficie d’avantages fiscaux assez énormes, passe au travers des gouttes. On va mettre ça sur le compte de la popularité du club marseillais.

Le son de cloche est paradoxalement le même du côté de La Provence, qui se laisse peut-être un peu emporter par sa passion, ou influencer par certains ultras. Lors du dernier exercice, le quotidien délivrait des notes carrément plus sévères que L’Équipe, un comble.

La stratégie a été mauvaise, les résultats ne sont pas bons et des erreurs ont été commises. Mais ne peut-on pas faire preuve d’une certaine mesure ? Comme certains chefs d’association des virages, quelques journalistes donnent l’impression de savoir mieux que quiconque ce qui est convenable pour le club.

Ne pas dégoûter McCourt

Le bilan 2018-2019 est très décevant. Il pourrait avoir scellé le sort du Champions Project et ce mercato ressemble à celui de la dernière chance. Mais rien n’est perdu ! Certains acteurs de la sphère olympienne, qui se revendiquent comme les bergers de l’institution, contribuent largement à sa déstabilisation. Et ce qui ne constituerait ailleurs qu’une petite brise se transforme en ouragan.

Le risque serait de dégoûter McCourt, qui y est quand même de sa poche pour une belle somme, et ses potentiels successeurs. Certains donnent l’impression de vouloir sciemment écoeurer l’Américain, comme cela avait été le cas de son prédécesseur. Et on resterait comme des c…, s’il cédait à certaines de leurs exigences pour obtenir une paix sociale et misait finalement sur ses autres business.

D’accord ? Pas d’accord ? A vos commentaires !

Un article lu 4923 fois